Humilié !

roman de Sophie BENASTRE

Il ne veut pas entrer dans un conflit avec des gens qu'il trouve bêtes et pathétiques.

(p.65)

Oskar, 2023, 102 p.
Oskar, 2023, 102 p.

Afin de faire plaisir à son père, champion de rugby toulousain, Arthur s'est inscrit à un stage intensif en région parisienne. Le challenge est d'importance pour le garçon : se rendre digne de la grande tradition rugbystique familiale. Mais ici, dans « le Nord », c'est chacun pour soi, et l'entraîneur est réputé pour sa dureté. Timéo, ailier musclé ("the best", selon ses dires), prend sous son aile le petit gars du Midi. Mais sa jovialité insistante, ses propos et ses gestes dérangeants mettent Arthur mal à l'aise. Un soir de fête, la situation dérape.

Mon avis :

On commence par faire connaissance avec Arthur, petit garçon touchant qui subit la pression familiale ("Que mon père soit fier de moi. Que mon grand-père soit fier, lui aussi.") et les règles strictes imposées par son père (comme la connexion internet limitée). On apprend au passage qu'il est très pudique ("Il n'a jamais aimé se laver avec les copains."), ce qui prendra tout son sens par la suite.

 

Il est aussi question des stéréotypes liés au rugby ("Au rugby, pas de place pour la douceur!"), incarnés par Timéo la "grande gueule". Timéo est prétentieux, moqueur, sexiste. Dès le début, Arthur se sent "mal là-bas", à la merci d'entraîneurs encourageant ce genre de comportement. S'ensuit un engrenage infernal pour s'intégrer: il n'ose pas tenir tête au meneur ("stopper cette mascarade et dire non à Timéo")... jusqu'au "rite initiatique" qui tourne au cauchemar.

 

A l'humiliation ("dégoulinant de flotte et de honte") s'ajoute la rage: "Personne n'avait bronché. Personne pour le défendre." Ce qui devait être un séjour sportif agréable devient "un stage de l'enfer". Et bien sûr, à l'ère des réseaux sociaux, "quelqu'un a immortalisé la scène"...

 

C'est son copain Robin qui finira par faire ce qu'Arthur aurait dû faire dès le départ: en parler. Une fois sanctionnés, le coupable et ses sbires vont (peut-être) "tous réfléchir avant de faire du mal ou de laisser faire". Les adultes sont d'ailleurs aussi coupables que les jeunes: coupables de fermer les yeux sur ce genre de pratique, voire de les cautionner. Un club de rugby n'est pas un camp d'entraînement pour soldats! Ceux qui le dirigent ont "perdu le sens profond de notre sport". Heureusement le père d'Arthur en est conscient et repartira sur de nouvelles bases avec son fils ("J'ai eu tort de vouloir te faire grandir trop vite.").

 

Patricia Deschamps, janvier 2025


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