Ce manga traite le thème de l'homosexualité de manière un peu différente de ce que j'ai pu lire jusqu'alors. Le résumé est trompeur parce que Azami apprend dès les premières pages que Gwen est une fille et cela ne change absolument pas ses sentiments. Très "fleur bleue", Azami rêve depuis toujours au prince charmant et Gwen rassemble tout ce qu'elle en attend. Les parents de l'une et de l'autre ne poseront pas non plus problème: "Très ouverts", ils ont "vraiment bien réagi", "l'homosexualité n'a jamais été un tabou". Mais alors sur quoi repose l'intrigue?

Le malaise entre les deux filles vient du fait qu'elles ont du mal à s'assumer en public en tant que couple, essentiellement parce que Gwen a un comportement ambigu: elle ne dément jamais être un garçon. Au départ, pour intégrer l'équipe de basket du lycée, il lui était facile de mentir sur son apparence. Mais maintenant elle en souffre ("Te priver de repas et serrer ce bandage n'empêchera pas ton corps de se développer"). Gwen le garçon est devenu un imposteur et en même temps, la jeune fille se sent mal à l'aise affublée d'une robe, de maquillage et de vernis. Le personnage pose ainsi en filigrane la question d'identité de genre... et d'identité tout court ("trouver celle que je suis").

La dernière partie est plus conventionnelle, avec le personnage de Judith la déléguée jalouse qui vient s'immiscer dans le couple, profitant que Gwen se cherche. L'amour entre les deux filles survivra-t-il à la séparation de l'été et aux manigances de Judith? Gwen trouvera-t-elle un équilibre de vie? Réponse dans le deuxième et dernier tome!

Patricia Deschamps, août 2021