Geek girl, tome 1

roman de Holly SMALE

Il suffit peut-être d'avoir des pensées positives. De croire que nous pouvons changer.

Nathan, 2014, 400 p.
Nathan, 2014, 400 p.

 

A 15 ans, Harriet est une intellectuelle plutôt solitaire et mal dans sa peau, surnommée "geek" par ses camarades. Sa seule amie, Nat, est son opposé, ne rêvant que de mode.

 

Pourtant, à la Mode Expo, c'est bien Harriet qui est repérée par une agence de mannequinat pour son originalité... La jeune fille est consciente de voler le rêve de sa copine mais elle y voit l'occasion de changer le regard que les autres posent sur elle. Cependant est-il vraiment facile de devenir une autre et à quel prix ? 

Mon avis :

Un roman au style incisif et plein d'humour !

Quand j'ai abordé ce livre, je ne pensais pas qu'il serait aussi drôle ! Harriet est une sacrée personnalité ! Elle analyse les situations et les sentiments avec une certaine distance froide (un peu comme les autistes Asperger) et en même temps elle souffre de son asociabilité : "Marre de ne pas m'intégrer; d'être exclue de tout; d'être détestée." Et elle compte sur son entrée dans le mannequinat pour "améliorer ma vie" : "Le mannequinat pourrait me transformer".

 

Le problème, c'est que Harriet est une vraie catastrophe ambulante ! Les scènes cocasses s'enchaînent, c'est même parfois un peu trop. Les personnages sont tous plus excentriques les uns que les autres, à commencer par les proches de l'adolescente : son père se comporte comme un gamin, sa belle-mère Annabel est une terreur, Toby le copain d'enfance, geek lui aussi (mais en pire !) passe son temps à l'espionner... Chez l'agence Baylee, ce n'est pas mieux : Wilbur arbore des tenues plus extravagantes les unes que les autres et taxe tout le monde de surnoms ridicules, tandis que la sévère et pointilleuse Yuka (entièrement en noir, elle) traumatise toutes ses recrues. L'intrigue donne une bonne idée du fonctionnement de ce milieu, entre séance photo à l'autre bout du monde (en l'occurrence la Russie), défilé sur un podium et enregistrement d'une émission télé, autant de situations qui demandent une grande adaptabilité, qualité dont Harriet est bien dépourvue ! Et les autres jeunes filles ne sont pas mieux disposées à son égard qu'au lycée... Heureusement il y a le beau Nick, "le visage masculin de Baylee" !

 

On imagine donc bien que "pour l'instant, je ne vois pas trop venir la métamorphose magique que j'attendais. Pour tout dire, je me sens encore plus moche qu'à mon arrivée"!... Harriet réalise ainsi que "les vêtements ne peuvent pas faire de nous ce que nous ne sommes pas. Ils peuvent simplement contribuer à dire qui nous sommes." Et même avec la meilleure volonté du monde, "on ne se métamorphose jamais vraiment". Mais en a-t-elle véritablement besoin? En se regardant dans le miroir, l'adolescente "comprend avec un choc que je ne suis pas une mite." Qu'elle porte sur elle-même un regard très dur que, contrairement à ce qu'elle pensait, sa famille et sa "Pire Pote" Nat ne partagent pas : chacun apprécie sa personnalité telle qu'elle est et "il faut que tu arrêtes de te soucier de l'opinion des gens qui ne comptent pas. Sois ce que tu es, et laisse les autres être ce qu'ils sont." L'héroïne prendra au final une décision pleine de maturité : devenir mannequin oui, mais "je veux continuer à être moi" !

Patricia Deschamps, janvier 2018


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