Entendre la guerre : Silence, musiques et sons en 14-18

COLLECTIF

Gallimard, 2014, 160 p.
Gallimard, 2014, 160 p.

La Première Guerre mondiale marque l'irruption de la guerre industrielle : tonnerres des canons, sifflements des obus, rugissements des avions saturent le paysage sonore. A ce bruit inouï répond, à l'arrière-front et dans les camps de prisonniers, un "contre-bruit", comme un antidote à cette violence de guerre. Au son des violons de fortune, des harmonicas, des accordéons, les soldats retrouvent une certaine joie de vivre.

 

La musique est au cœur des récréations combattantes: chansons de poilus, fanfares ou spectacles. A l'arrière, la musique se joue lors des défilés militaires ou des concerts destinés à soutenir le moral de la nation tout entière. La créativité musicale s'exprime dans une floraison d’œuvres patriotiques, de musiques de deuil mais aussi dans les sonorités nouvelles du jazz apportées par les Américains.

Au-delà du conflit, quand le fracas des armes se tait, sonneries aux morts, oraisons funèbres ou minutes de silence perpétuent la mémoire de la Grande Guerre.

(4e de couverture)

L'avis de Fabien, bibliothécaire :

Si Entendre la guerre: silence, musiques et sons en 14-18 est avant tout le catalogue de l'exposition du même nom créée par l'Historial de la Grande Guerre de Péronne, c'est aussi un ouvrage passionnant qui peut se lire et se consulter indépendamment. A ma connaissance assez peu d'ouvrages ont abordé la guerre de 14-18 sous cet angle inhabituel et celui-ci, abondamment illustré de documents rares et présenté sous forme de chapitres courts et clairs, permet de se plonger dans l'univers sonore des ces années sombres. Le bruit inouï produit par les canons, les avions, les obus, etc. bien sûr ( "Jamais nous n'avons entendu tant de bruit" déclara le soldat Clavel. Bruit que nous ne pouvons qu'imaginer avec effroi car il n'existe aucune archive sonore), mais aussi ce que l'on a appelé les "contre-bruits": c'est-à-dire la musique, que ce soit la musique militaire, les chansons patriotiques, le jazz que les soldats afro-américains vont apporter avec eux.

 

Ecouter la radio ♪ Entendre la guerre ♫
Ecouter la radio ♪ Entendre la guerre ♫

Car la musique sera omniprésente durant ces années de guerre, les chansons qui tentent de décrire l'horreur au plus près, celles qui sont destinées à soutenir les soldats... et bien sûr les requiem. L'un des chapitres les plus remarquables s'attache aux instruments fabriqués par les soldats avec les moyens du bord (les photos sont étonnantes!) pour que les musiciens parmi eux puissent continuer à pratiquer leur instrument malgré tout. Un autre chapitre important rappelle le rôle capital joué par le génial chef d'orchestre afro-américain James Reese Europe qui, avec son orchestre, importa le jazz sur le vieux continent et exigea de pouvoir se battre au front (ce qui était auparavant réservé aux Blancs). 

L'ouvrage fourmille donc d'histoires et d'informations captivantes, parfois émouvantes aussi, et l'on ne peut que le conseiller à qui s'intéresse à cette période troublée de l'Histoire.

 Octobre 2018


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