Destins de sorcières

de Solène CORNEC et Aline BUREAU

Qui croire ? Une chose est certaine, jamais les femmes. (p.8)

Milan, 2024, 122 p.
Milan, 2024, 122 p.

Voici 15 histoires de femmes accusées de sorcellerie entre les XIVe et XVIIIe siècles, dans le monde occidental. 15 récits de vies brisées à une époque où l'on craignait les esprits libres et où la justice était celle de la rue ou celle des dominants. À travers ces 15 portraits de femmes pourchassées et condamnées pour la majorité d'entre elles, ce livre montre qu'il fut un temps où la marginalité, la différence et la liberté de penser étaient non seulement dénoncées mais pouvaient aussi conduire à la mort d'innocentes.

Mon avis :

J'ai trouvé ce livre dans le rayon documentaires de la médiathèque mais c'est plutôt un album. Les quinze portraits de femmes accusées de sorcellerie sont racontés sous forme de récit. Il faut donc lire le texte dans son intégralité pour comprendre l'histoire, ce qui nécessite un bon niveau de lecture (ou bien de lire le texte aux jeunes à haute voix). J'aurais préféré une formule plus aérée.

 

En dehors de cela, les illustrations sont très belles et le message pertinent. Les femmes en question étaient, la plupart du temps, célibataires ou veuves: des statuts très mal vus par la société et les hommes d’Église. Les procès sont d'ailleurs des simulacres: semblant de preuves, tortures des témoins... tout est bon pour que les faits aillent dans le sens des juges.

 

Ces femmes sont souvent victimes de commérages, de jalousie: on les accuse d'ensorceler les hommes, d'avoir empoisonné leur mari. Toutes sont persécutées par une société exigeant que les femmes restent à leur place, une place décidée par les hommes...

Certaines, telle Jeanne d'Arc, seront réhabilitées des années après. Il n'en reste pas moins que brûler vive est une mort atroce.

 

Le livre égrène ainsi les exemples de chasses aux sorcières dans plusieurs pays d'Europe, laissant le sentiment que la différence et même la connaissance (des plantes, de la médecine) ont causé bien des dommages au fil des siècles.

 

La dernière "sorcière" a été exécutée à la veille de la Révolution française. Aujourd'hui, la sorcière a bien changé d'image, elle est même devenue l'un des symboles de la lutte féministe. Néanmoins, gare aux femmes qui n'agissent pas selon les traditions, qui s'élèvent contre un système de pensée patriarcale bien ancré.

Le chemin est encore long.

Patricia Deschamps, juin 2025

égalité hommes-femmes
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