Danse avec la mort

roman de Philip LE ROY

Rageot, 2025, 343 p.
Rageot, 2025, 343 p.

Quelle idée a eu Maïa d’accepter l’invitation de Laura  ? La voilà, dans son fauteuil roulant, à faire du camping près d’un lac avec une bande qui la considère comme un boulet. Même les efforts d’Adam pour être sympa semblent hypocrites. Et pourtant, il va falloir se serrer les coudes, car Laura, en quête de frissons,  s’est mis en tête d’explorer un spot d’urbex à la réputation sinistre, un sanatorium transformé en EHPAD et abandonné depuis des dizaines d’années.

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Si j'ai choisi ce livre, outre le fait que j'aime beaucoup les romans de Philip Le Roy, c'est pour le thème de l'urbex, très en vogue chez les adolescents. La majeure partie du récit se déroule dans un sanatorium (pour tuberculeux) transformé ensuite en EHPAD et abandonné depuis une quarantaine d'années. On dit le lieu hanté, d'ailleurs un berger a autrefois perdu la tête en s'y aventurant un soir qu'il poursuivait un loup avec ses chiens (c'est la scène d'ouverture, très réussie).

 

Mais avant de partir en exploration dans ce lieu sinistre, on fait la connaissance de nos cinq protagonistes dont la personnalité est finement travaillée, ce qui contribue tout autant à l'intérêt de l'histoire que les moments angoissants qu'ils vivent ensemble.

L'héroïne, Maïa, est une jeune fille psychologiquement détruite depuis qu'un accident l'a clouée dans un fauteuil roulant, ruinant la pratique de sa passion: la danse. Depuis Maïa s'isole, mais son look gothique et ses nombreux tatouages et piercings (pour éviter de s'automutiler), lui valent bon nombre de railleries, notamment de Florian et son pote Adam. 

 

Et voilà que Laura, la fille la plus belle et la plus populaire du lycée (Maïa la surnomme "Starlight"), l'invite à venir camper avec son petit ami (le fameux Adam) et sa cousine Ombeline (on apprendra plus tard pourquoi Laura et Adam insistent autant pour que Maïa se joigne à eux). Ombeline est une sportive casse-cou qui adore les sensations fortes, elle voit donc d'un mauvais oeil la compagnie d'une handicapée. Heureusement son petit ami Tim est du genre timoré et il semble apprécier la compagnie de Maïa, malgré l'agressivité de cette dernière et la distance qu'elle maintient constamment avec les autres.

 

Les relations sont donc tendues au sein du petit groupe mais différents événements et situations vont amener les adolescents à sortir des cases dans lesquelles ils (se) sont fichés. Adam le blagueur partage la passion (et le talent) de la danse avec Maïa. Ombeline est directe mais on peut compter sur elle. Laura se révèle bienveillante et Maïa va peu à peu fissurer sa coquille et se dévoiler.

 

Les scènes dans le sanatorium en ruine sont assez saisissantes, on est bien dans l'ambiance et le rythme est soutenu. Les adolescents font des découvertes sur les activités pratiquées dans le lieu qui donnent froid dans le dos. On se demande longtemps si l'on est dans un thriller (avec des explications rationnelles) cependant la dernière partie, avec sa réflexion sur la mort et les expériences de contact avec un défunt (VSCD), confirme la dimension fantastique.

La fin, inhabituelle et un brin poétique, vient clôturer l'histoire de manière congruente.

Patricia Deschamps, août 2025



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