A quoi rêvent les étoiles

roman de Manon FARGETTON

Gallimard jeunesse, 2020, 388 p.
Gallimard jeunesse, 2020, 388 p.

 

 

Ils sont cinq. Titouan reste cloîtré dans sa chambre, Alix ne pense qu'au théâtre, Luce est inconsolable depuis la mort de son mari, Gabrielle est incapable de s'engager de peur de perdre sa liberté tandis qu'Armand se consacre exclusivement à sa fille. Cinq personnages en quête de sens dont les destins s'entrelacent.

 

(4e de couverture)

L'avis d'Anaïs, en 2de :

Voici un roman qui se lit super bien malgré son épaisseur! Il est composé de chapitres courts donnant la parole à chaque personnage et s'enchaîne donc très vite. Il y a plusieurs protagonistes mais on arrive bien à suivre l'histoire de chacun. Plus le récit avance, plus se précisent les liens entre eux. Certains sont évidents dès le départ (Alix avec son père et Gabrielle sa prof de théâtre), pour les autres cela se tisse au fil des pages.

 

J'ai trouvé le personnage de Luce touchant. C'est une vieille femme qui a perdu son mari. C'est triste mais elle va retrouver l'espoir, justement grâce au lien noué par hasard avec un autre personnage du livre. Quand ceux-ci ont une histoire commune, j'ai trouvé intéressant d'avoir différents points de vue, d'avis, sur une même situation.

 

Le roman est découpé en cinq actes et entre deux, il y a quelques lignes intermédiaires qui font une très bonne transition. C'est une lecture que j'ai faite par hasard, je l'ai trouvée dans la bibliothèque (très fournie!) de ma mère et j'ai été attirée par le titre. J'ai bien fait de me laisser guider par mon instinct!

Novembre 2020

Mon avis :

La construction du roman est à la fois chorale (avec les histoires qui s'entremêlent), théâtralisée (j'ai aimé que les textes de Gabrielle soient présentés comme au théâtre, sa profession) voire poétique (dans l'idée que nous sommes tous des étoiles solitaires, plus ou moins éloignées, en réalité reliées entre elles en constellations). Le personnage qui m'a le plus touchée est le jeune Titouan que le monde effraie trop pour avoir envie de quitter sa chambre ("Quelle raison aurait-il de quitter ce cocon? Dehors, tout l'agresse."). Son histoire fait écho à celle de la vieille Luce qui n'a plus aucune motivation depuis la mort de son mari: Lucien était "son paravent contre la violence du dehors". Certes la réaction de Titouan est excessive, mais au moins a-t-il le courage d'assumer son point de vue, à la différence d'une (A)lix qui joue un rôle en permanence ("C'est le seul moment où elle se sent libre d'être elle-même").

 

En réalité tous ces adolescents se cherchent ("T'es qui?"), tandis que les adultes se cachent derrière de sombres excuses (la mère d'Alix prétexte sa maladie pour ne pas s'occuper de sa fille, son père et Gabrielle le refus d'une relation stable pour ne pas s'avouer leurs sentiments). Pour Titouan "la liberté infinie" serait de se débarrasser de son corps ("son idéal de dématérialisation: un esprit sans corps"). La psychologie des différents protagonistes est très juste et touchante, pour autant je n'ai pas réussi à accrocher pleinement, peut-être parce que leurs réactions et leur histoire étaient trop prévisibles.

 

Si tous les problèmes ne seront pas réglés, on sent que chacun a évolué au fil des événements, ayant appris à accepter que certaines questions restent sans réponses ("ces entrailles dont on ne guérit pas"). Le tout est de construire "sa meilleure vie possible"... ou sa meilleure mort.

Patricia Deschamps, décembre 2020


Retrouvez Takalirsa sur Facebook, Babelio, Instagram  Youtube, Twitter et Tik Tok