Rage

roman d'Orianne CHARPENTIER

Gallimard, 2017, 103 p. (Scripto)
Gallimard, 2017, 103 p. (Scripto)

 

RAGE... C'est le surnom que son amie lui a donné. C'est désormais ainsi qu'elle se nomme, pour oublier son prénom, ce nom d'avant, celui de son enfance, d'avant l'exil, la déchirure. Son pays d'origine, on ne le connaîtra pas.

 

Il nous suffit de deviner que Rage a eu affaire à la violence des hommes, de la guerre. Et la voilà réfugiée en France, sans plus de repères, ni de famille. Telle une bête traquée, elle se méfie de tous. Mais un soir, sa route croise celle d'un chien - dangereux, blessé, visiblement maltraité. Désormais, sa propre survie passe par celle de l'animal...

Mon avis :

Le cri de détresse d'une jeune réfugiée traumatisée.

On ne sait pas grand chose du passé de Rage, elle-même cherchant à l'oublier. Juste qu'elle a fui son pays, connu "l'exil, les marches sans fin, les privations, l'épuisement, la peur". Et surtout ces dix jours de captivité, "d'enfer", de violence, d'humiliation? qui lui causent tous ses cauchemars "comme des bêtes aux gueules acérées". Depuis ce traumatisme dont elle est incapable de parler, Rage n'est que souffrance, en "dépression hostile" disent les médecins, c'est-à-dire "en permanence sur le qui-vive", méfiante envers tout le monde. En un mot: détruite. Seule son amie Artémis "sait calmer sa sauvagerie". Artémis aussi a été une MIE, une mineure isolée étrangère, alors elle comprend.

 

Tout cet aspect de l'histoire est très dur, la jeune Rage est constamment à vif, pleine de douleur difficilement contenue, et le texte retranscrit parfaitement ce qu'elle ressent. Si le roman n'avait raconté que cela, il aurait été insoutenable. Mais voilà que surgit un chien, une plutôt une chienne, en souffrance elle-aussi. Gravement blessée, elle est poursuivie par son maître qui la cherche. Pour la maltraiter, encore, c'est un pitbull, dressé aux combats clandestins. Entre Rage et l'animal, aussitôt, comme un écho: "Cette bête blessée qu'elle accueille dans ses bras, c'est elle-même autrefois". Et dès lors, il est question de tendresse, de réconfort, d'aider l'autre comme on a été aidée, de sauver l'autre pour se sauver soi-même. Et c'est très beau.

 

Bien sûr rien n'est simple. Rien n'est jamais simple, Rage l'a compris depuis longtemps. Mais désormais, elle envisage que cela puisse le devenir, et cela s'appelle l'espoir. Elle n'est pas seule dans cette nouvelle épreuve, il y a Jean maintenant, discret mais présent. Jean qui soutient, encourage, pousse de l'avant tout en douceur. Car l'étape est essentielle pour celle qui doit apprendre à se reconstruire avec courage. Celle qui, en retrouvant son nom, pourra, à nouveau, envisager un avenir.

Patricia Deschamps, octobre 2019

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