Quand le manga réinvente les grands classiques de la peinture

Mana Books, 2018, 111 p.
Mana Books, 2018, 111 p.

 

De Botticelli à Picasso en passant par Van Gogh, apprenez-en davantage sur les classiques de la peinture et laissez-vous surprendre par leur alliance avec le manga au travers du regard d'une quarantaine de mangakas et d'illustrateurs japonais.

Mon avis :

Mine de rien, ce documentaire réalisé par des mangakas permet d'approfondir sa connaissance des classiques de la peinture. Le livre est divisé en deux parties: les tableaux réalisés au format paysage, et ceux au format portrait. Sur la page de droite est reproduite l'œuvre d'origine (en petit, certes), avec une mise en contexte permettant de mieux comprendre l'intention du peintre. La copie est en pleine page gauche, mais sans explications (dommage).

 

Cette dernière est plus ou moins éloignée de son modèle. Je trouve le Vermeer affiché en couverture très réussi: le visage est délicat, "La jeune fille à la perle" gracieuse, et cela donne envie de découvrir la suite. Tout le contraire des seins de "La Laitière", exagérément gros comme souvent dans les mangas (mais à ne pas confondre avec les pis de la vache du même nom). J'ai également beaucoup aimé la reprise du "Bal de la Galette" de Renoir, assez fidèle dans ses couleurs lumineuses, ses costumes et son ambiance, tout en donnant l'impression d'actualiser la scène. C'est aussi le cas pour les "Jeunes filles au piano", dont seuls diffèrent les visages.

Par contre je n'ai pas aimé la version de "L’Étoile": il y a un côté dessin animé un peu superficiel qui ne rend pas toute l'admiration et le respect du peintre pour les danseuses d'opéra. De même, "La Femme à l'ombrelle" d'Eichi perd toute la profondeur de la scène peinte par Monet (dont je suis grande fan): si le mouvement du vent est bien rendu, les deux fillettes représentées n'ont pas "l'indéfinissable impression de mystère" se dégageant du portrait de Camille, la femme de Monet, et de son fils Jean.

 

La Vénus d'Usuda Hiro est beaucoup plus colorée et brillante que celle de Botticelli dont il garde les visages européens. De même, un choix de couleurs plus chaudes et plus lumineuses renforce le sentiment amoureux dépeint dans "Le Baiser" de Klimt. Quant à Totomo, il donne un côté romantique à l'Ophélie de Shakespeare peinte par Millais, diminuant son aspect morbide. J'ai trouvé les tournesols d'Ica plus rigolos que ceux de Van Gogh.

 

Un "Radeau de la Méduse" SF, une "Liberté guidant le peuple" allégorique (on croirait un ange), un "Déjeuner sur l'herbe" macabre, le "Cri" de Munch cartoonisé (il fait peur mais pour une autre raison...), des "Demoiselles d'Avignon" cubistes au sens littéral: il y a des œuvres que l'on reconnaît à peine tant elles sont transformées. Cependant, même si tout n'est pas réussi selon moi, ce livre reste une très bonne idée!

Patricia Deschamps, octobre 2023


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