Quand la nuit tombe : Lisou

BD de Marion ACHARD (scénario) et Toni GALMES (dessin)

A cette époque-là, nous pensions que la guerre serait bientôt finie et qu'en attendant, nous pouvions nous accommoder des privations.

Delcourt, 2024, 116 p.
Delcourt, 2024, 116 p.

 

En septembre 1943, pour tenter d'échapper aux nazis, la famille de Lisou est obligée de se cacher dans un chalet, à douze kilomètres de Grenoble. En février 44, le destin la rattrape. Grâce au sacrifice de sa grande soeur, Mylaine, Lisou échappera à la rafle et pourra prévenir ses parents miraculeusement absents ce jour-là. Lisou vivra cachée jusqu'à la fin du conflit. Ce livre est son histoire.

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Lire le début de l'album
Lire le début de l'album

Ce bel album touchant est inspiré des souvenirs familiaux de la scénariste dont les grands-tantes ont survécu à la "période tragique de la guerre". Le graphisme à l'aquarelle est tout doux car raconté du point de vue d'une petite fille de onze ans en pleine insouciance.

 

Lisou tente de profiter au quotidien de la vie au chalet où ses parents, sa sœur aînée et elle se sont réfugiés, mais le conflit en arrière-plan se fait de plus en plus présent. On voit que sa famille essaie de lui cacher les événements importants, comme les rafles ("Les boches sont venus pour Oncle Jean chez lui au petit matin") mais la fillette est tout à fait en "âge de comprendre".

 

De septembre 1943 jusqu'à octobre 1944, les Veil passeront leur temps à s'enfuir de cachette en cachette ("Ils nous séparent, ils nous effacent"), et pas toujours ensemble ("Se séparer. Se retrouver. Se séparer encore."). L'album rend aussi hommage à tous ceux et celles qui les ont aidés ("Il n'y a pas d'âge pour le courage").

A la Libération, c'est le retour à la maison... sans Mylaine, dont on découvrira le récit dans le tome 2. C'est également la découverte du génocide dans les camps... Des millions de morts qui font culpabiliser "ceux qui étaient restés vivants".

 

L'après-guerre, voilà une autre dure réalité qui n'est pas souvent abordée dans la littérature jeunesse ("Après toutes ces années de guerre, de déplacements et de destructions, les gens se cherchaient partout"). Alors entretenir la mémoire de ceux qui "sont en train de s'éteindre", c'est une belle mission et elle est parfaitement réussie avec cette bande dessinée.

Patricia Deschamps, mars 2024


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