Moi, Pandore, la première femme

roman de Sylvie BAUSSIER

Zeus ne pardonne rien.

Scrineo, 2024, 100 p.
Scrineo, 2024, 100 p.

"Je suis la première femme : avant moi, tous les êtres humains étaient masculins. J'ai été créée sur l'ordre de Zeus, le roi des dieux. Mais dans quel but ? Pourquoi les divinités me donnent-elles tant de qualités... mais aussi une curiosité dévorante ? Et pourquoi Zeus m'offre-t-il une jarre qu'il m'interdit d'ouvrir ? Prométhée, fils de Titans, me met en garde : selon lui, je suis l'outil de la vengeance de Zeus sur les hommes. Serait-ce si grave si je finissais par ouvrir le cadeau du dieu ? Je m'appelle Pandore et voici mon histoire..."

(4e de couverture)

Mon avis :

Après la mythologie du point de vue des monstres, Sylvie Baussier se lance dans la mythologie racontée par les femmes. A commencer par la toute première d'entre elles selon les Grecs: Pandore, que l'on connaît pour la fameuse expression, "ouvrir la boîte de Pandore".

Tout débute avec l'étrange "naissance" de Pandore, créée à base d'eau et d'argile par Héphaïstos à la demande de Zeus. Dieux et déesses se succèdent ensuite pour doter la jeune femme de diverses qualités ("Je me sens si petite parmi les divinités, si neuve aussi, comme un jouet entre leurs mains, comme un objet sur lequel elles appliquent leurs pouvoirs"), ainsi que d'une mystérieuse jarre étrangement légère, à ne surtout pas ouvrir ("Pourquoi avoir glissé la curiosité en moi si on m'interdit de la satisfaire?").

 

En réalité, Pandore est "l'instrument de punition des hommes" imaginé par Zeus. Une vengeance en lien avec l'histoire de Prométhée, fils de Titan et cousin de Zeus, qui a osé défendre les hommes face au roi des dieux (notamment en leur rendant le feu).

Comme on le devine, la jeune femme est obsédée par le contenu de la jarre et, un jour de désœuvrement ("Mon temps libre s'étend"), finit par en soulever le couvercle ("Je n'ai jamais voulu de tels malheurs!")...

 

En donnant vie aux personnages, le récit aide à mémoriser leur histoire. Celle de Pandore fait aussi réaliser qu'à l'origine, la mythologie grecque n'était peuplée que d'hommes... et que la religion chrétienne a repris cette image négative de la femme comme objet de convoitise et cause de perte (à cause de sa curiosité). "C'est injuste pour eux. C'est injuste pour moi.", car Pandore a été manipulée, et que c'est malgré tout celle grâce à qui l'humanité, à travers sa fille Pyrrha "la rousse", a finalement pu se développer.

Patricia Deschamps, février 2024


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