Le buveur d'encre

roman d'Eric SANVOISIN

La plupart du temps, je surveille les lecteurs. Je les connais tous. Ils ont leurs habitudes.

Nathan, 2017, 93 p. (Dyscool)
Nathan, 2017, 93 p. (Dyscool)

 

 

Odilon passe ses vacances dans la librairie de son papa, à regarder les clients. Un jour, un homme étrange entre dans la librairie. Sous les yeux d'Odilon, il sort une paille de sa poche et commence à boire l'encre d'un livre! Quand il quitte la librairie, Odilon décide de le suivre...

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Feuilleter le début du roman
Feuilleter le début du roman

Je découvre la collection "Dyscool" de Nathan et je la trouve parfaitement adaptée aux petits dyslexiques et aux élèves de la remédiation lecture! Mise en page étudiée, syllabes des mots longs en couleur, code couleur pour chaque personnage dans les dialogues, passages réécrits par l'auteur, ce succès jeunesse des années 1990 trouve une seconde vie plus de vingt ans après sa première édition.

 

Les illustrations ont un peu vieilli et l'intrigue se trouve simplifiée (j'aurais apprécié davantage de rebondissements et un approfondissement de la relation père-fils) mais la thématique reste pertinente, surtout pour des enfants ayant des difficultés à entrer dans la lecture. Bien que son père soit libraire, Odilon n'aime pas du tout lire, alors l'identification au héros est facile pour ceux-ci.

Draculivre est un personnage vaguement inquiétant: "Il flotte à dix centimètres du sol" et habite dans le caveau d'un cimetière. Mais c'est en réalité un drôle de vampire qui est devenu allergique au sang et se nourrit... d'encre. Attention cependant: "L'encre liquide n'a pas de goût. Par contre, l'encre qui a vieilli sur le papier, c'est un vrai délice!". Ainsi, en donnant à Odilon "le goût de l'encre", c'est bel et bien le goût de lire qu'il lui transmet (tout comme la collection espère réconcilier le petit dyslexique avec les livres).

 

Et comme de fait, "c'était bien la première fois qu'un livre me faisait envie", s'étonne le garçonnet qui pénètre littéralement dans l'histoire en buvant ses phrases et ses paragraphes. Le voilà en train de dévorer sa lecture, au sens propre comme au figuré ("Je ne lisais pas ce qui arrivait, je le vivais"), à l'image, on l'espère, du petit dyslexique qui se découvre la capacité et le plaisir de venir à bout d'un roman tout seul. Un bel hommage au pouvoir de l'imaginaire!

Patricia Deschamps, novembre 2020


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