Kiss

roman de Jacqueline WILSON

Il est canon, drôle et bourré d'imagination - ce qui, maintenant que j'y pense, prouve clairement qu'il est homo.

Gallimard, 2009, 345 p. (Scripto)
Gallimard, 2009, 345 p. (Scripto)

Carl et Emily sont inséparables depuis l'âge de sept ans. Réfugiés dans leur cabane au fond du jardin, ils aiment s'inventer des histoires du Pays du Verre - la passion de Carl, qui entretient tout une collection de bibelots.

 

"Ça nous paraissait tellement réel ! On avait l'impression de faire tout ça en vrai, même si on inventait tout. Et je croyais que ça deviendrait vrai un jour."

 

Cependant Carl et Emily ont grandi, ils ont treize ans maintenant, et leur relation n'évolue pas dans le sens qu'aurait voulu la jeune fille... Amoureuse de Carl, Emily attend qu'enfin il l'embrasse ! N'ont-ils pas toujours dit qu'ils se marieraient un jour ? Mais Carl se fait de plus en plus distant, surtout depuis qu'il a changé de collège...

Mon avis :

J'ai entamé ce roman en pensant qu'il parlait d'homosexualité. C'est le cas, certes, mais ce thème n'est abordé que dans le dernier tiers du livre... De plus, la jeune Emily ne semble pas le moins du monde surprise, ce qui n'est pas très cohérent. Ensuite, une fois la révélation faite, on tombe dans une avalanche de clichés sur l'homophobie. J'ai donc trouvé cette partie-ci de l'histoire un peu mal amenée et maladroitement traitée.

 

A côté de ça, le récit est plutôt prenant, même si cela reste une intrigue un peu légère autour de préoccupations adolescentes. Emily, surnommée la Puce, se désole de son corps d'enfant alors que sa copine Miranda, la provocante et populaire Miranda, exhibe ses formes généreuses. Un peu trop d'ailleurs, puisqu'une photo compromettante circulera à son insu via téléphones... L'image de soi, celle que l'on donne aux autres - qui ne correspond d'ailleurs pas forcément à ce que l'on est réellement -, la popularité, la puberté : autant de sujets chers aux adolescent(e)s qui sont traités ici de manière pertinente. Par contre quand le père de Carl affirme que "les coups de cœur pour quelqu'un du même sexe font partie du développement normal des adolescents", on y croit un peu moins...

 

Emily, de son côté, est toujours une enfant, y compris dans sa tête. On sent le refus de grandir, la volonté de rester dans le cocon rassurant de l'enfance et de son imaginaire. Ainsi, c'est le jour où Carl se confesse qu'elle a ses premières règles, enclenchement symbolique de la "femme en devenir" comme le souligne sa mère. Cette relation mère-fille est aussi très touchante : bien que menant une vie modeste au regard de ses amies Lucy et surtout Miranda, Emily est consciente d'avoir une complicité étroite avec sa maman que les autres n'ont pas.

 

La fin, ouverte, laisse une impression mitigée, sous-entendant que la (vraie) vie est faite de concessions. L’ensemble forme une lecture agréable, sans pour autant laisser de souvenir impérissable.

Patricia Deschamps, mai 2015

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