Hantés

roman d'Anne FAKHOURI

Chaque crise, lorsqu'il ne parvient pas à la contenir, l'emmène un peu plus loin. De l'autre côté... (...) Les voix brisent la frontière qui garde son esprit clair et déferlent dans son cerveau, l'empêchant de penser, de parler, d'entendre. (...) Il n'y a que des cris, des chuchotements, jamais de visage... Des voix qui le rendent fou de douleur et de terreur, à se taper la tête contre les murs.

Rageot, 2013, 214 p. (Thriller)
Rageot, 2013, 214 p. (Thriller)

Parce qu'il a tabassé un type dans son ancien lycée parisien, Samuel rentre en 1èreS dans un nouvel établissement de banlieue. L'occasion aussi de tourner la page après la mort de son beau-père Tug qui était flic, bien que Samuel refuse toujours de croire que celui-ci trempait dans une affaire de pots-de-vin.

 

Mais à peine installé en classe, Samuel est traversé par une de ces terribles crises qui le secouent depuis plusieurs mois : des voix hurlantes, que lui seul entend, déferlent dans son esprit ! Un de ses camarades, Darius, qui a assisté à la scène, lui avoue être lui-même victime d'hallucinations psychotiques...

 

Leur trouble prend une nouvelle dimension lorsque les deux adolescents se rendent compte que des fantômes se matérialisent devant eux quand ils sont ensemble. Et plus précisément un fantôme en particulier : celui d'un jeune soldat noir répétant toujours les mêmes mots. Des indices qui les ramènent à... la mort suspecte deTug.

 

Samuel en est maintenant convaincu : il doit élucider ce mystère afin de prouver l'innocence de son beau-père !

 

Mon avis :

Un roman qui démarre à cent à l'heure, entre les fantômes qui surgissent sans prévenir et les rebondissements liés à la mort de Tug le flic. Beaucoup d'action et de révélations qui s'enchaînent sans aucun répit, entraînant le lecteur dans un tourbillon, au risque cependant de le submerger.

 

Les scènes de "crise" que traversent Samuel sont d'autant plus impressionnantes que les capacités de Darius donnent "corps" aux voix, matérialisant devant eux des hologrammes glaçants parfois violents. Ces fantômes aident les adolescents à avancer dans leur enquête, une sombre affaire de flics ripoux bien ficelée enrobée de baston, mais qui contraste avec l'âge des héros (16 ans).

 

Pour autant on se laisse porter par l'histoire, qui a le mérite d'aborder le thème grave du génocide au Rwanda. Quel rapport entre les fantômes, les ripoux et le Rwanda ? Eh bien lisez le roman, c'est un thriller très filmique qui vous emportera !

 

Patricia Deschamps, mars 2014

Et comme le fait justement remarquer la chroniqueuse Sandrine Brugot Maillard dans son blog, la couverture de Hantés est la même que celle du roman La vallée des masques de Tarun Tejpal ! Rageot et Albin Michel utiliseraient-ils les mêmes banques d'images ?!

♦ Roman pour adulte

Son nom était Aum, le tout premier son de l'univers,

accordée à son être, le tout premier de tout.

Ed. Albin Michel, 2012, 453 p.
Ed. Albin Michel, 2012, 453 p.

Tout au long de la nuit, un homme raconte son incroyable histoire tandis qu'il attend ceux qui vont venir le tuer, ses frères Wafadar issus de la même communauté que lui.

 

Installée dans une vallée inaccessible de l'Inde, cette communauté autarcique a été autrefois fondée par Aum l'incomparable, à qui la légende attribue des qualités hors norme. La pureté de l'âme, la sagesse de l'esprit et la discipline du corps sont devenus les principes de base d'une doctrine ascétique que les Grands Timoniers s'évertuent à transmettre de génération en génération.

 

Touts petits, les enfants apprennent à renoncer à tout individualisme pour se consacrer à la collectivité, occupent leurs journées à travailler leur corps et leur esprit à travers des séances de méditation et des épreuves physiques toujours plus impitoyables. A l'issue de cette initiation barbare, chacun est sensé trouver sa place dans la communauté.

 

Mais il n'est pas donné à tous d'adhérer à "la vérité d'Aum"... Si le narrateur a pour objectif de devenir un grand guerrier, un Wafadar, il a croisé tout au long de sa vie bon nombre de "défaillants" qui ont dévié du droit chemin, suscitant de dangereuses remises en cause...

Mon avis :

Une écriture superbe, majestueuse et poétique, pour un récit philosophique qui met en garde contre l'intégrisme et plus largement, contre le conformisme.

 

Le fonctionnement hallucinant de cette communauté relève de la secte, puisqu'aucun de ses membres n'entre jamais en contact avec "l'outre-monde". La descendance est assurée par les femmes de la "Maternité" où les enfants sont élevés collectivement par toutes les mères, ne sachant même pas qui est la sienne ! Plus tard, on leur impose de porter un masque, le même pour tout le monde : l'effigie. Hors de question de se distinguer, seul compte l'investissement dans la Confrérie. D'ailleurs les prénoms disparaissent eux aussi en grandissant, remplacés par des "alphanombres". Les Eclaireurs assènent à longueur de journée les paroles sacrées de Aum, et le moindre écart est sévèrement sanctionné...

 

Quand la puberté s'éveille, les garçons trouvent le plaisir au "Sérail des Bonheurs fugitifs" mais hors de question de s'attacher à l'une ou l'autre des jeunes femmes. Quant aux filles, elles sont ensemencées dès les premières règles par les Grands Timoniers, purs d'entre les purs, selon un rituel inévitable. Le narrateur y rencontrera une des nombreuses figures rebelles du roman, une jeune fille aux yeux noirs fulgurants.

 

Le narrateur trouvera sur son parcours toute une galerie de personnages originaux, qu'il méprisera ou admirera : le Wafadar QT2 aux prouesses légendaires, l'étrange obèse qui séduit ses compagnons en chantant (alors que c'est interdit), le vénérable Grand Calao au service duquel il entrera... et bien d'autres encore !

 

Car ce récit est une véritable épopée, une histoire à la fois dérangeante et passionnante qui tient en haleine jusqu'à la dernière ligne par ce suspense que l'auteur a instauré dès le départ : qu'a-t-il bien pu se passer dans la vie du héros pour qu'il en arrive là ? Et on ne lâche pas le livre avant de savoir !..

 

Patricia Deschamps, avril 2014

 

Piégés

Rageot, 2015, 242 p. (Thriller)
Rageot, 2015, 242 p. (Thriller)

Au fil des mois, Darius "l'Homme-Porte" et Samuel le passeur ont perfectionné leur technique pour envoyer les Ex (les "ex-vivants": les fantômes) dans le monde des morts, même si certains leur résistent toujours, comme celui aperçu au musée.

 

D'ailleurs une nouvelle mission va s'imposer à eux : Joanna, l'Italienne geek qui les aide dans leur maîtrise des Ex, leur a envoyé un appel au secours codé depuis une pension élitiste pour futurs héritiers située dans les Alpes.

 

Une fois sur place, Samuel et Darius s'aperçoivent cependant que le château ressemble davantage à un établissement pénitentiaire que d'enseignement... Comment vont-ils faire pour s'enfuir ? Et surtout, qui sont ces Ex dangereux que les garçons ressentent ? Samuel croit avoir détecté celui du musée...

Mon avis :

Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce roman un bon thriller : une pension privée où les élèves sont traités comme des détenus, des souterrains remplis de fantômes terrifiants, une intrigue liée à la spoliation des biens juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, des scènes d'action fantastique... Et pourtant, je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire. Est-ce à cause des personnages, que j'ai trouvés distants ? Du style, trop neutre pour capter l'intérêt ? Des phrases d'introspection, plutôt maladroites ? Ou bien de la narration, un peu banale ? Quoi qu'il en soit, j'ai plus d'une fois perdu le fil du récit et peiné à terminer ma lecture...

 

Patricia Deschamps, juin 2015


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