Comment je me suis débarrassé de ma mère

de Gilles ABIER

Tu crois vraiment que ce sera mieux ailleurs ? Dans une autre famille ?

Actes sud junior, 2015, 122 p.
Actes sud junior, 2015, 122 p.

Spéciale

Etienne n'en peut plus de cette mère possessive et instable. Qui le néglige aussi, obnubilée par son petit ami. Il l'a plaquée, il ne reviendra pas, contrairement à ce qu'elle espère. Alors ? Alors "J'ai toujours été trop sage", regrette l'adolescent... mais c'est fini tout ça : si ce matin sa mère comate, c'est parce que Etienne l'a droguée... 

 

Ma manager

Dès toute petite, la mère de Jessie a décrété que sa fille serait championne de tennis... et qu'elle lui tiendrait lieu de manager. "Tu décides de tout", grince la jeune fille, "Je n'ai aucun mot à dire." Et aucun droit à l'échec, non plus. Jusqu'au jour où Jessie décide de prouver à sa mère qu'elle n'a pas besoin d'elle pour accéder aux sommets...

 

Trois raisons

Voilà des années qu'Alexis a honte de sa mère : elle est laide, bête et manque d'ambition. Tout le contraire de lui. Alors c'est décidé, il ne veut plus vivre avec elle...

 

Une amie en moins

Pour la mère de Solène, "tout est prétexte à l'exagération". L'adolescente en prend toute la mesure le jour où, l'ayant acceptée comme amie sur Facebook, elle la voit s'immiscer dans sa vie privée de manière odieuse ! Dès lors, Solène ne pense plus qu'à se venger...

 

De concert

En sortant d'un concert, Etienne et sa copine Lydie tombent sur un petit garçon seul et apeuré, Mathis. Sur ses mains, du sang. "C'est le sang de ma maman", dit-il, "Elle est morte. C'est moi qui l'ai tuée"...

 

Mon avis :

Comme dans son premier recueil de nouvelles, Accrocs, Gilles Abier a l'art de créer une atmosphère, une tension, dès les premières lignes, même si j'ai trouvé ces histoires-ci globalement moins percutantes.

Dans ces cinq récits, il nous livre le portrait de mères complètement différentes mais toutes indignes. Celle de "Spéciale" ressemble à la dépressive d'Un hiver en enfer de Jo Witek : mi-folle mi-inquiétante. La "ma manager" se révèle à la fois fourbe et manipulatrice. La faiblesse de caractère de la troisième fait pitié. La quatrième est, selon moi, la plus vicieuse et perverse. Quant à la dernière, elle battrait son fils... Mais on comprend, au fil des histoires, que les enfants sont eux-mêmes loin d'être parfaits ! Et que les réactions de leur mère ne sont pas toujours étrangères à leur propre comportement... 

Si les nouvelles sont parfois encombrées de détails superflus et de flashbacks justifiant la situation présente, le recueil se lit bien. L'ultime texte, qui réunit l'ensemble des héros, est une forme de conclusion : non seulement on a le sentiment que la boucle est bouclée, mais on a aussi des éléments sur "l'après" des différents récits. Eléments qui mettent en perspective une autre vérité : si un enfant trouve normal de ne pas aimer sa mère, le contraire le dérange !.. Sauf qu'une relation solide ne peut se construire qu'à deux.

Patricia Deschamps, janvier 2016

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