Cell. 7

roman de Kerry DREWERY

Innocent ou coupable, on s'en tape. Du moment que ça fait de l'audience.

Hachette Romans, 2016, 314 p.
Hachette Romans, 2016, 314 p.

En Grande-Bretagne, le système judiciaire a été radicalement réformé. Plus de tribunal, de preuves, de témoins : c'est désormais à travers l'émission de téléréalité "Chacun Sa Voix", que chaque citoyen décide, en votant, du sort des accusés.

 

Martha Honeydew, 16 ans, a été trouvée par la police, un revolver à la main, à côté du cadavre de Jackson Paige, ancienne vedette de télé-réalité millionnaire et adulée. Comme elle revendique le meurtre, Martha est envoyée dans le couloir de la mort, cellule 1.

 

Chaque jour, elle avancera d'une cellule, vers la Cellule 7, où le vote du public déterminera si oui ou non elle doit être exécutée...

Mon avis :

Un roman captivant et qui fait frémir !

On connaît l'ampleur qu'a pris la télé-réalité ces dernières années. Ce scénario semble donc tout à fait plausible... et inquiétant ! Donner le droit de vie et de mort à des gens qui n'ont aucune compétence juridique, en l'absence de toute enquête, c'est amalgamer innocence/culpabilité et cote de popularité ! D'autant plus que les téléspectateurs sont au mieux, désinformés, au pire manipulés... On fournit à ces "moutons voyeurs" les (pseudo) scandales dont ils sont avides dans une émission relevant de la bouffonnerie, animée par des présentateurs uniquement préoccupés par leur audimat : "Le gouvernement contrôle la presse, et la presse manipule le peuple !". Bref "c'est de la merde, pas de la justice", une monstrueuse et malsaine mise en scène où l'on va jusqu'à filmer 24h/24 l'accusée (la condamnée ?) dans sa cellule : "le prisonnier perd tous ses droits aussitôt mis en examen"...

 

Cependant la justice ne se contente pas d'être expédiée, elle est aussi corrompue. Car évidemment les votes sont payants, ce qui est antidémocratique : seuls les habitants de la "Ville" et des "Avenues", ces gens qui "ne songent qu'au pouvoir", ont les moyens de participer activement au sondage, contrairement à ceux, plus démunis voire laissés-pour-compte, des "Tours". Les votes des fameux téléspectateurs sont au final truqués, de toute façon la victime elle-même, Jackson Paige, n'était qu'un imposteur : "on ne pouvait rien faire contre son fric" qui lui a permis de s'acheter bien des alliés au fil de sa carrière. "Chaque fois qu'un innocent est condamné à mort, un coupable est laissé en liberté" mais ces nantis n'en ont rien à faire.

 

Eve Stanton, la conseillère judiciaire, est persuadée de l'innocence de Martha. Les points de vue alternent entre les deux héroïnes, donnant une double vision interne/externe aux événements. Quand c'est Martha qui raconte, du fond de ses cellules (une par jour, horrible décompte vers la mort), le récit intègre des flashbacks pour mieux comprendre comment la jeune fille en est arrivée là. Chacun des protagonistes est bien campé, avec sa personnalité propre, y compris les personnages secondaires : "J'accepte d'être la martyre. Mais le combattant, il faut que ce soit toi". Le texte est parfois un peu mélodramatique et les révélations un peu convenues, mais l'histoire est prenante et on la verrait bien adaptée à l'écran !

 

Patricia Deschamps, décembre 2016



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