A bras raccourcis

de Sébastien BREGEON

Un chien hurle à la mort. La cime dégarnie d’une forêt émerge, un grand corbeau noir scrute la forêt. De sombres nappes de brouillard enveloppent le lieu. Elles réagissent à l’arrivée de l’intrus. Un chuchotement confus de voix apeurées s’en élève. Les masses informes, contrariées, s’agitent. Les voix marmonnent une plainte presque inintelligible. Alerte… danger…

Viviane et son mari Hugues sont en pleine randonnée dans la forêt. Si Viviane est enthousiaste, Hugues ne cesse de sursauter au moindre bruit et ne semble vraiment pas rassuré. Surtout depuis qu'un garde forestier lui a dit que des loups de Transylvanie y ont été réintroduits...

Hugues a raison de s'inquiéter : cette forêt est maléfique... Sauf que le danger ne viendra pas du loup. Plutôt de ces inquiétantes pierres de la taille de têtes humaines, qui épient les randonneurs de leurs yeux hostiles...

Mon avis :

L'introduction de cette nouvelle est un peu longue, mais elle nous plonge dans l'atmosphère inquiétante de la forêt. De même, la scène où la forêt se "réveille" au passage des randonneurs aurait pu être davantage condensée. Cependant, dans l'ensemble, l'histoire fonctionne, cristallisant des peurs que l'on a tous ressenties un jour ou un autre en se baladant dans les bois... Cette sensation d'être épié, que des êtres ou des forces maléfiques œuvrent dans l'ombre, que telle branche ou telle racine arbore une forme vaguement humaine...

Le final, entre fantastique et horreur, est très réussi. Les descriptions (sanglantes) sont efficaces, et le récit plein de suspense. Dommage qu'il se termine par un corbeau qui "repart avec un fromage"...

Evidemment il est difficile de juger un auteur sur un seul texte, alors je n'hésiterai pas à découvrir les autres nouvelles d'horreur fantastique de Sébastien Brégeon !

Patricia Deschamps, août 2015